Pourquoi répète-t-on toujours les mêmes schémas ?

Ayurveda
09 octobre 2025

Une lecture ayurvédique des cycles inconscients du corps et de l’esprit

Nous avons tous fait cette expérience :
– Se retrouver, encore une fois, dans une situation que l’on croyait dépassée.
– Retomber dans un comportement, une émotion, une douleur physique… comme si quelque chose nous poussait à répéter.

Pourquoi ?
Est-ce un simple « manque de volonté » ? Une fatalité ? Une mémoire inconsciente ?
Heureusement, l’Ayurveda, médecine ancestrale de l’Inde, apporte un regard à la fois subtil et profondément transformateur sur ce phénomène.
En effet, à travers les notions de samskaras (empreintes), de vasanas (tendances profondes) et de pragyaparadha (erreur de l’intellect), elle éclaire comment notre passé continue d’agir en nous.

1. Samskara : l’empreinte qui reste

En Ayurveda, chaque expérience laisse une empreinte subtile dans le mental, le système nerveux, et même dans les tissus du corps.

Ces empreintes sont appelées Samskaras.

Elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises.Toutefois, lorsqu’elles ne sont pas digérées ou intégrées, elles influencent nos réactions, nos pensées, nos comportements.
Elles sont des traces : de blessures, de joies, de chocs, de répétitions…

Exemples concrets :

  • Un rejet dans l’enfance peut créer une peur du lien, une tension chronique dans le plexus.
  • Une émotion non exprimée peut rester inscrite dans le ventre, le dos, la gorge.

2. Vasana : la tendance à répéter

Quand un samskara est activé souvent, il devient une vasana : une tendance mentale ou comportementale qui s’installe en profondeur.
En d’autres termes, les vasanas sont comme des sillons dans notre être.I
ls façonnent ce que nous croyons « être nous » : notre caractère, nos choix, nos réactions automatiques.

Puis, on finit par revivre encore et encore la même chose, même si cela nous fait souffrir.

Cela peut se traduire par :

  • des relations similaires qui échouent,
  • une fatigue qui revient toujours au même moment,
  • des comportements d’auto-sabotage inconscients.

3. Pragyaparadha : quand on s’éloigne de soi

L’Ayurveda identifie un troisième facteur essentiel : pragyaparadha, littéralement « l’erreur de l’intellect ».

Par conséquent, on agit à l’encontre de ce que l’on sait bon pour soi, on se coupe de notre sagesse intérieure.

On sait, mais on le fait quand même.
Et ce « savoir sans transformation » crée de la souffrance.

Ce mécanisme est souvent nourri par les vasanas, la fatigue du mental, ou un feu digestif (agni) affaibli dans le plan psychique.

4. Rompre le cycle

L’Ayurveda propose plusieurs voies pour rompre avec ces schémas :

  • La prise de conscience douce et sans jugement, dans un espace d’écoute et de présence.
  • Les soins corporels (notamment l’abhyanga) qui permettent de délier les tensions où les mémoires se logent.
  • Les respirations conscientes (pranayama) pour apaiser le mental et relâcher le système nerveux.
  • Une alimentation et une hygiène de vie sattviques, pour éclaircir les perceptions et stabiliser l’énergie.

Un chemin de transformation douce

Les schémas qui se répètent ne sont pas des erreurs à corriger mais ils sont des empreintes à reconnaître, à comprendre, et j’ose dire, à aimer.
Ainsi, peu à peu, ils pourront se dissoudre dans un espace de présence et de sécurité.

Conclusion

L’Ayurveda ne cherche pas à contrôler le mental, ni à effacer le passé.
Au contraire, elle propose une voie :
– celle de la digestion des expériences,
– du retour à la sagesse du corps,
– et de la transformation intérieure par l’écoute et la douceur.

Pour aller plus loin

Quelques sources traditionnelles et modernes :

  • Charaka Samhita – Sharira Sthana
  • Sushruta Samhita – Nidana Sthana
  • Le manuel d’Ayurveda – Comprendre les principes fondamentaux de la santé selon la médecine indienne. Dr. Vasant Lad.
  • Ayurveda et l’esprit : la guérison de conscience – Dr. David Frawley

Avec coeur,

Marjorie.